Dans la suite de l’action syndicale menée en juin et juillet dernier au rectorat (voir ici), il avait été convenu lors de l’audience avec le recteur Cabourdin du 5 juillet de réunir un groupe de travail pour prévenir la reproduction de ce type de problème.
Malgré le changement de recteur, la réunion a tout de même eu lieu. Le contexte a certes changé, mais il s’est intéressant de discuter avec les principaux responsables rectoraux sur ce qu’est le “climat au travail” et son importance longtemps négligée. En effet, l’administration a longtemps fonctionné, depuis le XIXème siècle, sur un principe transposé du monde militaire : la hiérarchie décide, le fonctionnaire applique sans discuter, sa fierté professionnelle devant se limiter à réaliser à la lettre les instructions reçues. En échange, ledit fonctionnaire bénéficie d’un emploi à vie et d’une protection statutaire et sociale (santé et retraite, ce qui n’a été généralisé pour tous les salariés que depuis 1945).
Si le monde du travail a beaucoup changé depuis deux siècles, si dans le management du XXIème siècle on met en avant la nécessité de partager les enjeux stratégiques avec tous les salariés, de donner du sens à l’action de chacun, de s’appuyer sur des cultures professionnelles, de faire un retour sur les pratiques pour progresser et accepter des erreurs sans obligatoirement les sanctionner, bref si le pari de l’intelligence et de la confiance est valorisé, la gestion des ressources humaines dans l’administration est elle encore trop souvent restée sur le modèle ancien.
Le groupe de travail (GT) du 10 octobre a donc réuni les représentants de la DRH du rectorat (DRH, chefs de bureaux) et des conseillers du recteur (médecine, service social, inspection, juridique) d’un côté, les représentants des 4 syndicats représentatifs de l’académie (SGEN-CFDT, UNSA, FSU et Sud).
La discussion a d’abord tourné autour de la définition du “climat au travail” et du sujet traité par le GT. Les représentants du rectorat n’envisageaient semble-t-il de ne parler que de la gestion des problèmes, des “crises”. Les organisations syndicales ont insisté pour inclure aussi la prévention de ces problèmes, l’instauration d’un véritable climat propice à éviter de créer des tensions.
Sur le premier sujet, les OS (en tous cas le SGEN, L’UNSA et la FSU) ont insisté sur le rôle essentiel des représentants syndicaux. En cas de problème, individuel ou touchant tout un établissement ou un service, les syndicats cherchent à trouver une solution, mettent “de l’huile dans les rouages”. Ils n’ont pas à priori une entrée conflictuelle si celle-ci n’est pas nécessaire. Cependant nous avons parfois en face de nous des responsables (surtout dans les établissements) qui n’acceptent pas la présence syndicale, la considèrent comme un casus belli. L’expérience montre pourtant qu’un travail commun, dès que possible, permet de trouver de meilleurs solutions ; et c’est en général comme cela que les choses se pratiquent dans l’académie.
Les responsables académiques étaient à priori d’accord avec nous, même si, les “têtes” changeant régulièrement, il faut tout aussi régulièrement réexpliquer les choses !
Une circulaire académique précisant le mode de gestion des “crises” par les chefs de service sera travaillée en GT.
Sur le second thème, l’établissement d’un climat de travail qui évite de créer des conflits, le SGEN-CFDT a avancé 4 propositions :
– permettre l’expression des tensions sur le lieu de travail. Collectivement, lors par exemple d’heures d’information syndicale, pour alerter ensuite les responsables. Le Registre Santé et Sécurité au Travail (RSST) peut aussi jouer un rôle, mais son utilisation se révèle pour l’instant malaisée.
– Le ministère dans sa réforme du collège va mettre en place des outils pour mesurer le climat scolaire. Il pourra être utile de les transposer au climat des établissements ou des services.
– Une posture de confiance de la hiérarchie envers les personnels sous leur autorité est à faire passer. Il y a un changement de culture à engager, mais les résultats sont rapidement visibles quand un chef d’établissement par exemple fait à priori confiance à ses personnels, sans vouloir tout contrôler ou remettre en cause à priori leurs décisions.
– La fatigue est un élément essentiel d’une dégradation du climat au travail. Dans l’académie, une de ses sources importantes est la multiplication des trajets. Si un travail sur la carte scolaire peut permettre de réduire le nombre de postes partagés, d’autres problèmes, comme la difficulté à trouver des personnels qui veulent aller dans l’Orne, ressortent de solutions qui échappent à l’Education nationale. Cependant, un certain nombre de “petites” mesures peuvent permettre d’améliorer la situation des personnels concernés, ou de réduire leurs années d’éloignement. Le SGEN y travaille actuellement.
Une nouvelle réunion de ce groupe de travail est prévue en décembre. L’administration y présentera des propositions. Le SGEN le fera aussi.