fin du mondeLe syndicat Sud-Education de la Manche s’est fendu d’une lettre adressée aux personnels du Premier degré, dans laquelle il dénonce des propositions* du SGEN-CFDT pour lutter contre la fatigue au travail.

Le texte est bien écrit. Il cherche à faire rire et y réussit.

Cependant, en l’analysant, on comprend bien ce qui oppose désormais la CFDT et SUD (rappelons que SUD a été formé à partir d’une dissidence de la CFDT dans les années 90 et 2000).

L’accusation contre le SGEN est classique : nous accompagnons la dégradation des conditions de travail “pour les rendre supportables”. C’est la vieille blague “quand l’esclavage sera rétabli, la CFDT négociera le poids des boulets”.

Il est vrai que le positionnement de SUD est très éloigné du nôtre. SUD, dans ses déclarations, dans ses publications, présente de façon systématique la situation actuelle comme catastrophique. Et invariablement, toute réforme ne fait que dégrader les choses. Il n’y a pas d’exception. La vision de SUD est très, très pessimiste.

Que propose SUD pour changer les choses ?

“La lutte” !

Vers quoi ?

C’est moins évident …

Car si SUD dénonce beaucoup de choses (et souvent avec raison, nonobstant le sens de la mesure), les propositions sont souvent très vagues, bien plus de bonnes intentions que des éléments concrets.

Force est d’ailleurs de constater que cette façon de faire semble peu fonctionner. SUD a voté contre quasiment toutes les propositions de réforme au niveau national, qu’elles viennent de gouvernements de droite comme de gauche. C’est donc, logiquement, que ce syndicat considère n’avoir jamais rien obtenu au profit des personnels.

Quel intérêt donc d’avoir un syndicat qui n’a jamais de résultat, sauf parfois celui de faire échouer une réforme (mais rappelons que la situation actuelle est catastrophique, quel intérêt) ?

Sans doute parce que SUD attend la venue du “Grand soir”, qui permettra de changer en profondeur la société.

Le problème est que les personnels n’ont pas envie d’attendre un hypothétique bouleversement dont nous ne sommes même pas sûr qu’il améliorera les choses. Ils veulent des améliorations concrètes et maintenant. La CFDT, organisation réformiste, négocie avec tous les interlocuteurs (sauf le FN). Et même si elle n’obtient pas tout ce qu’elle demande, elle acte les progrès.

Quitte à faire rire !

* Ces propositions, pour l’anecdote, portent sur la possibilité d’avoir des salles de repos et de sport sur le lieu de travail. Bien évidemment le SGEN-CFDT ne limite pas ses propositions à cela, mais quand nous revendiquons des salles de travail, la prise en compte de la surcharge de travail, le respect des personnels etc., nous n’avons pas besoin de demander l’opinion des collègues : nous savons qu’ils sont d’accord. Pour la salle de repos ou de sport, la chose est plus nouvelle et peut sembler décalée. D’où ces questions

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