Le SNALC vient d’envoyer à tous les collègues un tableau qui se veut éloquent, concernant le financement des syndicats. Les organisations comme la CFDT, la CGT, FO, SUD, la FSU touchent des millions d’euros de l’Etat, le SNALC quasiment rien (moins de 5000 euros !). La conclusion avancée est simple : tous les syndicats sont des vendus au gouvernement, sauf le SNALC !

Cet argument n’est pas nouveau, il revient tous les 4 ans environ, quelques jours avant les élections … Et les turpitudes actuelles à FO semblent lui donner raison.

Il est évidemment grossièrement fallacieux. Et le SNALC prend les collègues pour des idiots. Pour toute personne qui a participé aux dernières manifestations sur les salaires ou sur les suppressions de postes, essayer de faire croire que le SNALC est le seul syndicat à "oser" critiquer le pouvoir est du plus haut ridicule. La même chose quand on a suivi la mise en place de la réforme des lycées.

Les grands syndicats interprofessionnels comme la CFDT, qui couvrent l’ensemble des secteurs économiques, privés comme publics, jouent un rôle important dans la gestion de ce que souvent on prend pour des services publics : CAF, Pôle Emploi, caisses de retraites, CPAM … On appelle cela le paritarisme. Les militants de ces syndicats ont aussi un rôle important à jouer dans de multiples instances consultatives et décisionnelles au niveau national comme au niveau local (Conseil économique et social, Comité de bassin d’emploi, …) et dans la formation des salariés qui siègent aux différentes instances élues de leur entreprise.

Les frais sont d’abord assurés par les organisations syndicales mais souvent elles sont remboursées par les entreprises, les branches, et l’Etat quand il est concerné. Vous avez plus de détails ici. Incomplètement cependant : les confédérations y sont en général de leur poche !

Cela concerne, pour la très grande majorité, seulement le secteur privé. Le SGEN, syndicat de la CFDT qui s’occupe de l’Education nationale et du Supérieur, n’est quasiment pas concerné par les sommes avancées, au contraire de la fédération des services ou de celle de la métallurgie (vous pouvez consulter les comptes des syndicats de la CFDT, dont le SGEN de Basse-Normandie, sur ce site officiel, c’est une obligation légale)

Le SNALC est effectivement aussi très très peu concerné, puisqu’il n’est de fait pas un syndicat interprofessionnel. Il n’existe que dans une partie du Second degré (et encore, avec difficultés : voir ses listes incomplètes aux CAPA des certifiés et des agrégés), dans une fédération qui n’existe que dans la fonction publique et donc pas dans le privé. Son engagement de reverser d’éventuelles "subventions" de l’Etat à des organismes caritatifs est ainsi dénué de réalité pour l’essentiel.

Reste la question de l’indépendance : cet argent qui transite en partie par les services de l’Etat est-il un moyen de pression du pouvoir ? La réponse est non, car cela n’a rien d’un arbitraire, mais est défini par des textes juridiques. Les textes sont appliqués, point. Sommes nous tous, fonctionnaires, des soutiens inconditionnels du gouvernement d’Edouard Philippe parce que nous percevons un salaire de l’Etat ? Evidemment non ! Ce salaire est défini lui aussi par des textes, pas par l’arbitraire du ministre.

Que le SNALC arrête de jouer sur le “dégagisme” ambiant, sur le “tous pourris”. La démocratie, qu’elle soit sociale ou politique, n’a rien à y gagner.

Et l’intelligence non plus.

 

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