hors-classe2L’examen des promotions à la hors-classe est, comme chaque année, l’occasion de mettre le doigt sur les incohérences de la soi-disant reconnaissance du mérite dans la fonction publique.

Quelques analyses simples permettent de mettre facilement en lumière des anomalies évidentes, par exemple quand on s’intéresse à la cohérence entre les notes pédagogiques et les avis mis par les inspections.

La moyenne des notes pédagogiques pour les 10ème et 11ème échelons est de 46,65.

Si on prend les collègues qui sont très au-dessus de cette moyenne (à partir de 50), qui donc doivent être de très bon enseignants, on constate, avec surprise, que 15 d’entre eux ont « sans opposition » de la part de leur inspecteur. Cela peut sembler acceptable sur une centaine de collègues concernés, il peut y avoir des explications au cas par cas. Le problème, c’est que 4 sont des certifiés d’Allemand.

Le même travers avait été repéré et dénoncé par le SGEN pour d’autres disciplines les années précédentes.

Inversement, quand on isole ceux qui sont très en-dessous de cette moyenne (en-dessous de 44) et qui ont un avis très favorable de leur inspecteur, on trouve 12 collègues, dont 7 en lettres ! Là il s’agit, on peut le supposer, de retard d’inspection, mais qui dure, car nous avions déjà dénoncé la situation dans cette discipline il y a plusieurs années.

Pour les avis donnés par les chefs d’établissement, il est facile de mettre le doigt sur l’incohérence du système. A partir de quelques exemples, il ne s’agit pas ici de viser telle ou telle personne, on se rend compte des distorsions qui règnent d’un établissement à l’autre.

Certains chefs d’établissement répartissent à peu près équitablement leurs avis, c’est la majorité. D’autres considèrent que l’avis normal est « sans opposition », et le mettent donc massivement, accordant seulement quelques avis « favorable » ou « très favorable » (à Port en Bessin, 8 avis « sans opposition » sur 9). D’autres au contraire considèrent que l’avis normal est « favorable » voire « très favorable » (au collège de Mondeville, 15 avis « favorable » sur 18, à Saint-Martin de Fontenay, 16 avis « très favorable » sur 20, à Caen – Pasteur, 12 avis « très favorable » sur 13).

Parfois, on se demande si véritablement les chefs d’établissement ont jugé quelque chose :

– à Canisy, 11 avis « sans opposition » sur 11.

– A Sées, 15 avis « favorable » sur 15.

Ces distorsions ne proviennent pas du type d’établissement. En éducation prioritaire par exemple, on n’a à Giberville que des avis « favorable » ou « très favorable » (20), les 4 collègues de Vimoutiers ont « très favorable », mais à Louise-Michel, à Alençon, tous les avis (10) sont « sans opposition ».

Les avis donnés par les corps d’inspection et les chefs d’établissement sont essentiels dans le barème de la hors-classe, ce sont les principaux éléments discriminants dans le classement. On voit cependant qu’ils relèvent souvent de la loterie. Et encore, nous ne parlerons pas de ce qui relève des conflits personnels.

Alors que de nouvelles règles sont à l’étude pour l’évaluation des personnels enseignants, COP et CPE, le SGEN-CFDT continue donc à dénoncer le système d’évaluation actuel. Il revendique un avancement égal pour tous, déconnecté de l’évaluation. Aucun système ne peut garantir, aux échelles qui sont celles de l’Education nationale, plusieurs centaines de milliers de personnes, une reconnaissance équitable du « mérite ».