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Une rentrée dominée par le changement de ministre qui imprime sa marque sur l’école. Arrivé avec beaucoup d’idées (publiées dans ses écrits sur le sujet), connaissant bien la maison (il y a travaillé aux plus hautes responsabilités sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy) et très présent dans les médias (ou beaucoup de journalistes partagent ses idées), il a par petites touches commencé à considérablement modifier l’Education nationale.

Cette semaine a été riche en annonces ou en précisions, en particulier lors de sa conférence de presse de mardi dernier.

La rentrée se déroule aussi sous le signe de la baisse du pouvoir d’achat pour les fonctionnaires, avec le gel du point d’indice, la journée de carence et l’augmentation de la CSG, tout cela se rajoutant à la dégradation plus rapide des revenus des enseignants par rapport aux autres fonctionnaires.

 

Un point sur les principaux changements de la rentrée

 

Réduction des vacances de la Toussaint ?

Dans une déclaration le 30 août à BFM, le ministre déclare vouloir lancer une réflexion sur la durée des vacances de la Toussaint, qu’il trouve trop longues. L’argument qu’il donne est particulièrement ridicule : j’ai constaté que c’était un facteur de décrochage pour certains élèves au cours du premier trimestre ». Il a « constaté » ! Quand, comment ? Mystère. « Argument » démonté par Claude Lelièvre sur le Café pédagogique.

 

Pas de pont à l’Ascension mais une semaine chaotique

Pour cause de mardi 8 mai férié, il n’y aura pas de vendredi 11 mai férié (le jeudi 10 est celui de l’Ascension). Les élèves viendront donc le lundi 7, pas le 8, mais devront être là le 9, mais pas le 10, et enfin seront présents (rêvons !) le 11. Le travail efficace sera difficile cette semaine-là, avec des classes à demies vides et des élèves peu motivés !

 

Augmentation du budget de l’Education nationale pour 2018

Annoncée le 27 août, elle a été précisée mardi 29, comme correspondant à 1,2 milliards. Ce n’est effectivement pas négligeable, comparable aux hausses connues sous Hollande, qui ont été les années les plus fastes depuis 15 ans. Et d’autant plus surprenant que le gouvernement a pour mission de se serrer la ceinture pour entrer sous les 2,7% de déficit public.

Cependant, cette hausse est à remettre en perspective. Elle correspond en fait à 700 millions d’euros seulement pour l’Education nationale (le reste est destiné au ministère de la jeunesse et de la vie associative, dirigé aussi par JM Blanquer). Ce budget est certainement destiné à financer les mesures promises par le président durant sa campagne (devoirs faits, dédoublements en CP, prime de REP+).

 

Recrutement et formation des enseignants.

Pour attirer les candidats vers les concours, le ministre parle d’un « pré-recrutement ». La précision qui est donnée (proposer à des candidats potentiels des postes d’assistants pédagogiques ou d’AED) est cependant sans grand sens : va-t-on favoriser dans le recrutement des AED et AP des étudiants en maths, anglais et lettres ? Ou va-t-on exiger d’eux un engagement à entrer en master MEEF après la licence ?

Le ministre annonce aussi un « compagnonnage » avec un enseignant chevronné, avant et après le recrutement.

Il s’agit là plus de pistes qu’autre chose, car in fine, le ministre annonce un chantier de réflexion qui sera ouvert sur le sujet.

Il existe cependant une option qui serait rapidement efficace : améliorer la rémunération des enseignants qui s’est dégradé par rapport au reste de la fonction publique (voir l’analyse du SGEN). Le gel du point d’indice ne va évidemment pas dans ce sens !

Dans la formation initiale des enseignants du premier degré, le ministre veut visiblement agir sur le choix des méthodes d’apprentissage, en favorisant en particulier les neurosciences.

Pour la formation continue, chaque enseignant aura 3 journées sur de sujets « adaptés aux difficultés rencontrées dans sa classe ». Cela concerne essentiellement en fait le premier degré, et des formations sur les apprentissages fondamentaux. Rien n’est précisé pour l’instant dans le second degré.

Dernière chose, les formations à distance seront favorisées, à partir de magistère. C’est une inquiétude, car le temps de formation est ainsi à prendre sur le temps personnel.

 

Primaire

Le ministre a martelé lors de sa conférence de presse du mardi 27 août qu’il s’agissait de sa priorité. « 100% de réussite en CP » est son slogan. Des moyens sont mis en avant : dédoublement en CP et CE1 en REP et REP+, évaluations nationales en CP et en 6ème, accès faciles pour les enseignants à des outils pédagogiques (« efficaces » est-il précisé. Faut-il y voir un écho à la fausse polémique sur la méthode globale relancée par le ministre, qui nous rappelle les années Robien?), stages de réussite en CM2 et aide aux devoirs. Il est aussi annoncé une action sur la formation initiale et continue. S’agira-t-il d’imposer les visées pédagogiques largement contestées du ministre ? La question peut se poser au vu des mesures annoncées : séminaires d’IEN en présence du ministre, stages de Français et de maths pour les enseignants de CM1 et de CM2. De quoi diffuser la « bonne parole ».

 

Collèges

Rien de nouveau sur la réforme, sinon le rappel des assouplissements déjà annoncés à la fin de l’année (le détail est sur le site du SGEN).

En 6ème, une évaluation nationale en français et en maths aura lieu en novembre, sur support numérique. Un retour individuel aura lieu vers les familles.

Le LSU reste en service. Y sera ajoutée une évaluation des compétences numériques des élèves (qui rappelle le B2i). En outre, l’établissement scolaire délivrera une certification du niveau de maîtrise des compétences numériques pour les élèves du cycle 4 des collèges (3ème) et du cycle terminal des lycées.

 

Dispositif « devoirs faits » au collège

A partir des vacances de la Toussaint, ce dispositif doit être proposé aux familles. Les principes sont ainsi définis :

• c’est un temps dédié à la réalisation des devoirs ;

• il a lieu au sein de l’établissement, en-dehors des heures de classe, en fin de journée ou à un autre moment ;

• son volume horaire est fixé par l’établissement ;

• il s’adresse à tous les collégiens, sur la base du volontariat ;

• les élèves en situation de handicap devront pouvoir bénéficier de ce programme, qu’ils suivent une scolarité individuelle en classe ordinaire ou dans une unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) ;

• les collégiens peuvent être invités par les équipes éducatives à y participer ou les familles en font spontanément la demande auprès des professeurs ;

• il est gratuit pour les familles.

Le projet doit passer en conseil pédagogique puis en conseil d’administration. Un « chargé de coordination » est nommé par le chef d’établissement. Les encadrants seront les professeurs, les professeurs documentalistes, les conseillers principaux d’éducation, les assistants d’éducation, les volontaires du service civique et par des associations répertoriées nationalement et localement.

 

Le Bac

Il est toujours question de le « remuscler », ce qui en soit n’est toujours pas très clair. S’agit-il de le rendre plus difficile à obtenir ? Le ministre semble en effet considérer qu’il est bradé. S’agit-il de le simplifier, de le rendre plus lisible et surtout d’en faire une vraie préparation aux études supérieures et non une fin en soi qui pousse au bachotage ? C’est ce que semble plutôt donner à voir la communication du ministère.

Une concertation va être lancée pour une application sur le bac 2021. Cela devrait donc concerner les secondes dès la rentrée 2018.

 

Enseignement professionnel

Le ministre annonce une remise à jour des formations professionnelles (répartition, contenu). C’est un processus déjà habituel, on ne voit pas trop ce qu’il va faire de différent.

Il annonce aussi un développement de la mixité des parcours, pour répondre à la commande présidentielle d’un développement de l’apprentissage. Les CAP bénéficieront d’un plan d’action, pour mieux s’adapter à un public souvent en difficultés scolaires, et réaliser une meilleure insertion sur le monde du travail.

Enfin, la poursuite d’études des bacheliers professionnels, en particulier vers les BTS, est mise en avant, à travers des expérimentations.

 

Scolarisation des élèves handicapés.

Le ministre annonce une augmentation du nombre des accompagnants adultes, sous le statut d’AESH plutôt que sous celui d’emplois aidés (voir ici la situation actuelles dans un état des lieux et l’audience du SGEN auprès du ministère sur ce sujet). L’accent est mis sur l’autisme et sur l’utilisation du numérique.

Les nouvelles modalités de la formation d’enseignants (Cappei) pour les premier et second degrés sont confirmées. Pour le reste, on reste dans la continuité de ce qui s’était fait ou avait été décidé auparavant.

Cette augmentation du nombre d’aidants et l’amélioration de leur statut ne doit pas masquer la forte réduction du nombre de contrats aidés qui va toucher en particulier le primaire : l’aide administrative aux directeurs d’école et aussi les emplois du périscolaire (garde, cantine, activités). Si le SGEN demande un statut pérenne pour ces personnels, il dénonce la violence de la décision du gouvernement qui voient remis en cause leur situation quelques jours avant la rentrée (CP sur ce lien).

 

Le respect d’autrui

Au milieu de rappels de principes et d’actions qui existent déjà, le ministre fait deux annonces :

  • la mise en place dès la rentrée d’une application enquête locale sur le climat scolaire, qui semble cependant se résumer au repérage des établissements où la violence est importante.
  • La remise aux élèves qui ont terminé leur scolarité obligatoire d’un livret de citoyenneté. Cela se fera en même temps que le brevet des collèges, lors d’une cérémonie républicaine en présence des familles. Les premières auront lieu dès cette rentrée.

 

Le livre et la lecture

Le ministre a annoncé un soutien en faveur du livre et de la lecture, principalement eu collège et au lycée. Il s’agit visiblement plus d’exprimer une intention : rien de nouveau ne semble annoncé dans le détail.

 

La culture et les arts

Son développement est présenté comme une priorité (comme beaucoup d’autres !). Là encore, un slogan 100% (« 100% des élèves bénéficient d’une éducation artistique et culturelle ») veut renforcer un discours volontariste qui cache une absence de mesures efficaces. On trouve essentiellement un « partenariat renforcé » avec le ministère de la culture, et un accent mis sur la pratique de la chorale (ou de la musique, ce n’est pas très clair), avec surtout l’action « rentrée en musique ». On sent ici la nécessité de coller aux promesses présidentielles, ou au moins de faire semblant.

 

Santé et sport

Un guide pour aider les adultes à repérer la souffrance psychique des élèves sera diffusé dans les établissements.

Pour le sport, l’attribution des jeux olympiques et paralympiques à Paris en 2024 permettra de mettre en avant le sport scolaire.

 

Innovation

Elle est encouragée. Un conseil scientifique sera bientôt installé auprès du ministre. Pour le reste, il s’agit surtout d’exprimer quelques évidences.

 

Evaluation du système

L’évaluation triennale des établissements sera plus collective et fondée sur l’autoévaluation des équipes pédagogiques.

Le ministre promet aussi d’évaluer ses mesures, de façon « scientifique ».

 

Pouvoir d’achat

 

Journée de carence

Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, la mesure a été annoncée début juillet par le gouvernement. Elle s’appliquera à partir de 2018. Ainsi le premier jour d’arrêt maladie sera déduit du salaire et non compensé. Et ce pour chaque arrêt (dans le détail il y aura sans doute des exceptions mais les textes ne sont pas sortis encore).

Le gouvernement met en avant l’équité entre salariés du privé (3 jours de carence) et du public (aucun jusque-là, sauf pendant deux ans sur une décision de Nicolas Sarkozy), oubliant de dire que très souvent, un accord d’entreprise ou de branche permet la compensation des journées perdues par l’employeur.

Autre argument : les micro-absences désorganisent les services. D’une part il reste à démontrer que les absences ponctuelles sont illégitimes (pourquoi alors pénaliser ceux qui sont malades ?), et d’autre part ce sont surtout les absences de plusieurs jours ou de plusieurs semaines qui désorganisent les services et les établissement, d’autant plus que le remplacement s’est largement détérioré dans le second degré depuis 20 ans, faute de personnels !

 

Gel du point d’indice

Autre décision facile et injuste. Facile car elle permet des économies immédiates ; injuste car elle touche encore les fonctionnaires. On peut comprendre qu’un gouvernement veuille faire des économies et demande des efforts à la population. Cependant, les fonctionnaires ont déjà fait cet effort depuis 2010 jusqu’en 2016 et n’ont connu un début de rattrapage que depuis à peine un an avec le PPCR.

Une décision d’autant plus scandaleuse que l’INSEE vient de mettre l’accent sur la dégradation de la rémunération des enseignants par rapport aux autres fonctionnaires (voir ici une analyse du SGEN)

 

CSG

La mesure annoncée par le gouvernement est censée améliorer le pouvoir d’achat des salariés tout en réduisant les cotisations sociales. La baisse de celles-ci est donc en partie compensée par l’augmentation de la CSG. Cependant, les fonctionnaires (comme les retraités) ne payant pas de cotisations sociales, la hausse de la CSG est une perte nette. Des négociations sont censées s’ouvrir avant la mise en place de la mesure (janvier 2018) pour éviter cette perte, mais les choses restent floues. Un point d’étape du SGEN sur ce lien.

 

Infos diverses

 

PsyEN

L’arrêté sur la stagiarisation, l’évaluation et la titularisation est sorti le 31 août. Sur ce lien.

Par ailleurs, le CIO d’Avranches est officiellement repris par l’Etat avec en contrepartie l’abandon de l’antenne de Valognes (voir ici).

 

 

Bonne rentrée,

Olivier Buon

SGEN-CFDT de Basse-Normandie

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