Madame la rectrice,
Mesdames et messieurs les membres du CTSA,

Durant cette période de confinement lié au covid-19, le Sgen-Cfdt salue l’implication d’une part, des collègues venus travailler sur site, et d’autre part, ceux qui ont exercé leurs missions à domicile pour la continuité du service public, sans oublier, les personnels qui étaient en ASA (Autorisation Spéciale d’Absence) et qui ont mal vécu cette période de confinement. Ainsi, les collègues du service intérieur ont continué d’assurer l’entretien, la maintenance des locaux ainsi que la gestion du courrier ou l’accueil des collègues venus chercher du matériel pour travailler à domicile. Les personnels de la DSI ont également accompli un travail formidable pour permettre aux collègues d’avoir l’équipement nécessaire pour travailler de chez eux. Des  collègues de différentes divisions comme celles de gestion des personnels sont également venus sur site pour assurer leurs missions qui sont primordiales pour tous les personnels comme la paye ainsi que la poursuite du mouvement.
Une reconnaissance est-elle envisagée pour les collègues qui se sont rendus sur leur lieu de travail pendant le confinement?
Les personnels des services déconcentrés apprécient la mise en place d’une cellule psychologique. Cependant, ils sont préoccupés par les modalités de reprise d’activité. L’inquiétude des collègues se porte sur les huit domaines suivants :

1) La poursuite du travail à domicile.

Pour le Sgen-Cfdt, il est primordial de limiter au maximum le nombre de personnels présents simultanément et de poursuivre le travail à domicile lorsque ce dernier est possible. Cependant des éléments sont à prendre en considération. En effet, être équipé d’un portable et d’une clé OTP n’assure pas d’accomplir ses tâches de la même façon qu’au bureau. Ainsi, le webmail à domicile est dépourvu des listes de diffusion et des dossiers enregistrés sur le PC du bureau. Au domicile, l’absence d’imprimante fait davantage travailler sur un écran de taille relativement petite, engendrant une fatigue supplémentaire. Des informations accessibles uniquement en format papier ne sont pas consultables depuis son domicile. Cette organisation incite donc à reporter une réponse à une question posée. Le transfert des lignes téléphoniques du poste de travail vers le poste du domicile peut être problématique si une autre personne du foyer est en télétravail.

2) Le retour sur site.

Un cadre sanitaire doit être prévu avant le retour des personnels sur site. Ainsi, le Sgen-Cfdt demande l’élaboration par une commission d’une liste de critères précis qui garantissent des conditions sanitaires compatibles avec le retour des agents sur leur lieu de travail. Cette liste doit être diffusée à l’ensemble des personnels par souci de transparence. Tous les critères devront être validés pour faire revenir les personnels.
Exemples de critères : nombre de masques par service, effectif par bureau, possibilité de se laver les mains à proximité…
La prise de température des collègues volontaires est-elle envisagée à l’entrée du site ? Si oui, il faudra préciser le caractère non obligatoire de cet acte en soulignant qu’il est proposé pour la sécurité de tous.
Pour les collègues qui présenteraient des symptômes (toux, fièvre) est-il prévu une « cellule Covid-19 » afin qu’ils soient pris en charge par un personnel soignant ?
Le respect des gestes barrières est une priorité car la question de la sécurité en lien avec la promiscuité se pose. Comment faire appliquer la distanciation d’un mètre lorsque plusieurs collègues partagent le
même bureau? Pour le Sgen-Cfdt, afin de garantir la distanciation physique, il faut limiter la présence à une personne sur deux par bureau. Il est envisageable d’alterner les présents au bureau, soit trois ou quatre heures maximum par jour soit un jour sur deux en présentiel. Le jour où l’on reste à son domicile devra être considéré comme une ASA.
Il semble aussi intéressant de considérer le calendrier des impératifs différents selon les divisions et de le prendre en considération avant d’échanger avec les collègues sur les modalités de retour. Ainsi, les divisions de gestion des personnels sont en ce moment dans une période intense. D’autres divisions sont dépendantes des directives ministérielles qui nécessitent un affinage et des moments d’attente de précisions. Ainsi, la DEC est moins sollicitée en ce moment comparativement aux années antérieures à la même période mais elle le sera davantage durant l’été obligeant les collègues à écourter leurs congés de la période estivale. Cela étant, il semble important de considérer les engagements personnels pris avant le confinement tels que la garde d’enfants alternée ou la réservation des locations saisonnières. La session d’examens et concours 2020 va laisser des traces psychologiques et physiques. Par conséquent, si les conditions d’une reprise normale ne sont pas réunies, le Sgen-Cfdt estime que le report de certaines réformes ou de nouvelles applications doit être envisagé.

3) Transports en commun, masques, gel hydroalcoolique, restauration.

Lorsque l’on aborde la question de retour sur site, il faut considérer ce qui se passe avant et après l’entrée dans le bureau. Ainsi, les collègues empruntant les transports en commun pourront-ils, s’ils le souhaitent, avoir des horaires décalés pour éviter les heures de pointe? Comment pourront-ils se procurer un masque lors du premier jour de reprise? Plus généralement, de quelle manière se fera la distribution de masques?
La distribution de gel hydroalcoolique et de lingettes désinfectantes est-elle envisagée ? Si oui, comment ?
Un lavage des mains devra être fortement encouragé avant l’entrée dans les bureaux.
Concernant la pause méridienne, comment va se passer le service de restauration? Le restaurant administratif sera-t-il ouvert? Si oui, comment respecter les gestes barrières? S’il reste fermé, comment les collègues vont-ils se restaurer? La salle détente va vite montrer ses limites logistiques et sanitaires comme appuyer les uns après les autres sur les mêmes touches du four à micro-ondes ou la poignée du réfrigérateur.
Par ailleurs, est-il envisagé de mettre hors service les machines à café?

4) La désinfection des locaux est une priorité.

L’heure n’est plus à enlever les poussières mais bien à désinfecter les poignées de porte, les touches des ascenseurs, les claviers, les téléphones, les corbeilles à papier, les photocopieurs et autres éléments manipulés par les collègues.
Il est aussi important de mentionner le nettoyage de la ventilation et de la climatisation qui peuvent être des vecteurs de circulation du virus.
Une désinfection des bureaux est-elle prévue quotidiennement dans l’ensemble des locaux?
Comment le ménage peut-il être réalisé dans les bureaux dont les serrures ne s’ouvrent pas avec un passe? Comment se passera la désinfection des véhicules de service? Un nettoyage des sanitaires plus d’une fois par jour est-il réalisable? Comment peut-on garantir un lavage et un séchage des mains conformes aux gestes barrières lorsque des distributeurs de savon sont cassés et des séchoirs à mains hors service remplacés par des serviettes en tissu?
Il n’est pas possible de parler nettoyage des locaux sans mentionner le travail des agents du service intérieur. Comment les protéger efficacement ? Comment faciliter leur travail tout en respectant les gestes barrières ?

5) Les personnels à risques.

Que doivent faire les collègues qui, selon leur état de santé (comme une maladie chronique ou une grossesse) ont le sentiment de présenter plus de risques que les autres? S’ils ont un courrier de leur médecin traitant, peuvent-ils bénéficier d’une ASA?
Qu’en est-il aussi pour les collègues dont les proches sont vulnérables (atteints du covid-19 par exemple) ? Pourront-ils être dispensés de travail en présentiel ?

6) L’accueil des usagers.

Comment fonctionneront le service de l’accueil ainsi que ceux comme le service médical ou le service social qui reçoivent du public en nombre conséquent quotidiennement? Est-il envisageable d’installer des panneaux de plexiglas?

7) ASA (Autorisation Spéciale d’Absence) pour garde d’enfants.

Deux cas de figures se présentent. :
– Des collègues devront s’occuper de leurs enfants jusqu’à la réouverture des établissements scolaires. Peuvent-ils travailler à domicile ? Si tel est le cas, il faut que la charge de travail s’équilibre avec la garde d’enfants et le travail scolaire. Lorsque le travail à distance est impossible, peuvent-ils être en ASA?
Comme il ne peut y avoir plus de quinze élèves par classe ou 10 enfants en crèche, comment cela va se passer pour les parents qui ne pourront pas y placer leurs enfants faute de places suffisantes? Pouvez-vous nous confirmer que les enfants des personnels de l’Éducation nationale feront partie du public qui doit être accueilli en priorité dans les établissements scolaires ?
– Comme le retour à l’école se fait sur la base du volontariat, quelles sont les mesures prises pour les personnels, qui, par conviction, refusent de placer leurs enfants dans une collectivité? Pour respecter le choix des collègues, le Sgen-Cfdt demande que le télétravail leur soit proposé en priorité ou une ASA quand le travail à domicile n’est pas possible.
Les circonstances exceptionnelles qui se sont imposées à toutes et tous, ne doivent pas avoir d’impact sur les salaires et les primes.

8) Les congés :  ordonnance du 15 avril 2020 relative à la prise de jours de réduction du  temps de travail ou de congés dans la fonction publique de l’État et la fonction publique territoriale au titre de la période d’urgence sanitaire.

Le Sgen-cfdt ne s’oppose pas au fait qu’il y ait des congés posés pendant la période de confinement mais à l’injonction de le faire ainsi qu’aux différences de traitement entre les collègues pouvant créer des tensions entre eux. En effet, les collègues en ASA le sont, non pas par choix mais parce qu’ils y étaient contraints par leur état de santé, la garde d’enfants, la nature de leurs missions incompatible avec le travail à distance, les décisions ministérielles (exemple : les examens et concours) ou encore le manque de matériel suffisant. D’ailleurs, le Sgen-Cfdt s’associe à l’UFFA (Union des Fédérations des Fonctions Publiques et Assimilés) pour un recours contre l’ordonnance.

 

Conclusion :

Le protocole de reprise d’activités doit se faire en concertation avec les collègues. Le chef de service n’a pas forcément la connaissance de toutes les problématiques rencontrées par ses collaborateurs. Les personnels normands ont connu récemment des moments éprouvants causés par la fusion des académies de Caen et de Rouen ainsi qu’un traumatisme généré par l’incendie de l’usine Lubrizol. Il est impératif d’apporter de la sérénité dans cette période de déconfinement qui reste un défi immense pour l’intégralité des personnels. Pour le Sgen-Cfdt, il s’agit de garantir cette sérénité pour être en capacité de relever ensemble l’immensité de la tâche.

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