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Après 5 années où la politique éducative se dirigeait dans le bon sens, la rentrée 2018 confirme les craintes que nous pouvions avoir dès les premières mesures prises par le ministre actuel de l’Education nationale au printemps dernier : une politique caractérisée par la démagogie plus que par la réflexion pédagogique, une politique marquée par les déclarations médiatiques, l’aveugement idéologique et le démontage systématique des décisions précédentes plus que par l’analyse de la réalité du terrain, une politique qui distille la défiance envers les personnels tout en affichant une confiance de façade, une politique enfin qui considère l’Education nationale comme un poids financier et non comme une source de richesses futures.

Ainsi il semblerait que le dispositif Plus de maîtres que de classes (PMQC) soit remis en cause du fait de la décision de dédoubler les classes de CP et CE1 en Rep et Rep+.

Depuis 2013, date de leur création, ces maîtres sont très majoritairement issus des écoles où ils interviennent. Leur mise en place a fait l’objet d’un projet dans chacune de ces écoles, dans lequel ont été définis les niveaux prioritaires à prendre en charge, les compétences travaillées principalement, les modalités d’interventions… ce qui a demandé une vraie réflexion et un travail d’équipe dès le départ. Les PMQC travaillent souvent en co-intervention dans les classes, prennent également en charge de petits groupes. Ils permettent ainsi d’améliorer de façon conséquente la différenciation. Selon les modalités définies avec les enseignants, ils peuvent aussi bien prendre un groupe d’enfants en difficulté que faire le contraire, c’est-à-dire prendre l’essentiel du groupe classe lors d’une séance tandis que l’enseignant de la classe prend le groupe en difficulté.

Dans les écoles où ces dispositifs ont été mis en place, les enseignants témoignent généralement d’un recul de la difficulté, notamment s’agissant du nombre d’enfants non lecteurs en fin de cycle 2.

La présence d’un PMQC dans une école a été facteur d’évolution des pédagogies notamment en favorisant les regards croisés sur des mêmes problématiques, a accru les échanges et réflexions au sein des écoles.

Le SGEN-CFDT est très attaché à la dynamique qui a été enclenchée, et souhaite que celle-ci puisse continuer. Or, nous craignons que la politique de dédoublement des CP et CE1 dans les REP et REP+ conduise à la destruction au moins partielle de ces postes. Pour le SGEN-CFDT, ces deux dispositifs ne doivent pas se retrouver en concurrence. Par ailleurs, il ne faudrait pas que des écoles ne relevant pas de l’éducation prioritaire, mais dont les caractéristiques en sont proches, perdent leurs PMQC et se retrouvent démunies face aux difficultés qui, elles, vont perdurer.

Le SGEN-CFDT souhaite que le dispositif Plus de maîtres que de classes soit renforcé et non fragilisé. C’est pourquoi nous demandons aux DASEN de nos trois départements d’aller dans ce sens lorsqu’ils vont travailler à la préparation de la rentrée 2018.

La suppression de 8 postes administratifs ne se justifie pas sur le terrain. Déclinaison académique d’une suppression de 200 postes votée par les députés, on est ici dans l’ajustement aveugle de la masse salariale de la fonction publique. Alors que la charge de travail s’intensifie dans les services déconcentrés par exemple, en particulier dans la phase de mise en place du PPCR, on va retirer deux postes. A quoi ces derniers servaient-ils donc jusque-là ?

Dans le Second degré, nous ne pouvons pas accepter une perte de 87 ETP pour la dotation attribuée à l’enseignement public. Celle-ci est d’une part nettement plus forte que ce à quoi nous pouvions nous attendre. A la rentrée 2016, année de la mise en place de la réforme du collège, l’académie perdait 457 élèves dans le Second degré, et 25 postes. Pour 840 élèves de moins cette année, nous devrions donc logiquement être plus près de 50 que de 90.

De plus, l’argument démographique est tout relatif dans le Second degré, car la moitié de la baisse des effectifs du public est due à une montée du privé : si les deux restaient à égalité de proportion, la baisse du public serait en-dessous de 400 élèves, soit une perte moindre qu’à la rentrée 2016. C’est donc plutôt autour de 20 que la perte en postes devrait se limiter cette année, si l’Etat n’abandonnait pas le terrain pas devant les progrès de l’enseignement privé.

Ces éléments nous ont amené à boycotter le CT académique du 15 janvier dernier.

Il faut se poser les bonnes questions sur ce phénomène de la progression du privé, en trouver les raisons et trouver des solutions. Certains mettent en avant la réforme du collège, mais on voit bien que son assouplissement ne freine en rien la fuite vers le privé. Pourquoi des parents n’ont-ils plus confiance dans l’enseignement public ? Pourquoi aujourd’hui des parents privilégient-ils des structures qui favorisent l’entre-soi (établissements privés, classes bilangues, option latin) qu’ils pensent, à tort, permettre une meilleure réussite de leurs enfants ? Le service public d’Education doit se saisir de ce problème, se questionner sans tabous, et mettre en avant les réussites de la mixité sociale. Si on laisse ce phénomène de fuite perdurer, nous participerons à la fracturation du lien social qui met en danger notre société démocratique. Rappelons ce que disait Jules Ferry en 1881 au sujet de l’Ecole « Le point de vue démocratique, dans cette question, le voici : c’est qu’il importe à une société comme la nôtre, à la France d’aujourd’hui, de mêler, sur les bancs de l’école, les enfants qui se trouveront plus tard mêlés sous les drapeaux de la patrie. »

Les grandes manœuvres autour de la formation professionnelle ont commencé. Des annonces et des claquements de portes rythment les articles de presse sur le sujet.

Sans savoir quelle valeur l’on peut réellement donner à ces annonces, le SGEN-CFDT est particulièrement inquiet de trois dangers qui se profilent :

– la priorité donnée à l’apprentissage aux dépens de la formation professionnelle sous statut scolaire. C’est à la fois ce que mettent en avant le gouvernement et les régions, en particulier la nôtre.

– le pilotage de la formation professionnelle par les banches, c’est à dire dans les faits par le MEDEF.

– le transfert des CIO aux régions.

Cette dernière annonce en particulier a été lancée par les régions suite à des négociations directes avec le gouvernement, alors que les organisations syndicales et les organisations patronales négocient par ailleurs. Avec des arguments par ailleurs scandaleux : les PsyEN seraient maintenant trop pris par leurs activités de psychologues et n’auraient plus le temps de conseiller les usagers !

Dans ces domaines, l’Etat doit reprendre son rôle de cadrage et de contrôle de l’ensemble de la formation professionnelle et de l’orientation. Certes les acteurs professionnels et locaux ont un rôle essentiel à jouer, mais leurs décisions doivent trouver place dans des cadres définis par l’intérêt général, et pas seulement par l’intérêt particulier des entreprises ou par des positionnements idéologiques partisans qui tiennent lieu de compétence ou d’expertise sur le sujet.