Nous sommes réunis ici pour examiner les conditions de la rentrée 2019. La période est aux bonnes résolutions et aux vœux d’espoir. Cette année cependant, le SGEN-CFDT n’a pas réellement le cœur à cela.

Une baisse marquée des moyens

Cette future rentrée se fera sous la contrainte d’une baisse des moyens. C’est évident dans le second degré. Les collèges perdent ainsi 45 ETP. La réduction était de 47 l’année dernière. Cela semble équivalent, mais il est prévu à la rentrée 2019 69 élèves en moins, alors que l’année dernière, la baisse envisagée était de 537 élèves : 8 fois moins. Et cette baisse s’est révélée moins importante d’un tiers.

D’ailleurs la comparaison avec les prévisions de rentrée 2018 est intéressante : lors du même CTA l’année dernière, le rectorat prévoyait 52588 élèves. A la rentrée prochaine 2019, vos prévisions sont de 52703. Plus d’élèves donc que ce qui était prévu à la rentrée dernière. Nous devrions logiquement gagner des postes et pourtant 45 seront supprimés, ce qui l’année dernière correspondait à 550 élèves.

Les mêmes comparaisons sont difficiles pour les lycées, car le mode de calcul diffère à cause des réformes que subissent à la fois les LGT et les LP. Le nombre important de suppressions de postes, comparé à la baisse modeste du nombre d’élèves, ne peut que nous inquiéter sur les objectifs de ces réformes tant vantées par le ministre.

Les personnels administratifs subissent aussi la politique de réduction des dépenses publiques. 8 suppressions de postes l’année dernière, 13 cette année. Le nombre augmente, alors que la fusion avec Rouen se rapproche. Comment ne pas faire le lien ?

Le mépris du ministre

Nous avons perdu depuis longtemps confiance dans la parole du ministre. A l’occasion du dernier CTM, le ministre a clairement indiqué que sa priorité était la communication envers les médias, et pas le fonctionnement de ses services ni la discussion avec organisations syndicales. Donnant des chiffres pipés, il a essayé de faire croire que les pertes d’emploi seraient réduites et strictement liées aux baisses démographiques. Il a ainsi refusé de communiquer les vrais chiffres des évolutions des personnels. Il a fallu attendre les documents du CTA, un mois après, pour pouvoir découvrir l’étendue des suppressions.

Affichant son mépris des organisations syndicales depuis son arrivée, le ministre révèle aussi maintenant sa défiance envers les personnels. Ainsi monsieur Blanquer défend dans les médias sa thèse que la multiplication des heures supplémentaires va permettre aux enseignants d’améliorer leur pouvoir d’achat. Comme le point d’indice a de nouveau été bloqué par le gouvernement auquel il appartient, cela peut effectivement sembler nécessaire ! Cependant, le ministre ne croit même pas lui-même à ses fables. Comme il sait pertinemment que les enseignants ne veulent pas travailler plus, il donne la possibilité aux chefs d’établissement d’imposer une seconde HSA.

La vieille idée qui sous-tend cette mesure est que les enseignants ne travaillent pas assez, avec leurs 18 heures par semaine. Mettre au travail une bande de fainéants : il s’agit bien de mépris, doublé d’une méconnaissance de la réalité.

Désorganisation

La réforme des LGT révèle depuis des mois son improvisation. Evidemment, monsieur Blanquer jure l’inverse sur les chaînes de radio, mais les faits sont là. Avant les dernières vacances, les enseignants ont dû renseigner les familles de seconde sur le choix des spécialités, alors que personne ne pouvait leur dire lesquelles seraient effectivement possibles. La situation reste encore particulièrement compliquée car maintenant les mêmes familles se rendent compte que les choix qui seront faits cette année risquent de fermer des orientations dans deux ans, à la fin de la terminale. Des spécialités seront-elles obligatoires pour entrer dans telle ou telle voie ? Des bruits et des annonces contradictoires circulent. Peut-être aurons-nous une circulaire ministérielle sur le sujet en 2021 ?

Autre nouveauté de toute évidence mal préparée : la formation des enseignants à la nouvelle option NSI. Le programme annoncé nécessite une compétence pointue. Peu de collègues sont d’ores et déjà en capacité de l’enseigner. Les conditions pour suivre cette formation en grande partie sur les périodes de vacances scolaires ou encore sous forme de MOOC (donc sur temps personnel), sans qu’aucune reconnaissance particulière n’y soit attachée, laissent mal présager d’un grand nombre de candidats.

Dans les lycées professionnels, de nombreux collègues liés à la formation gestion administrative risquent d’avoir à retrouver d’autres fonctions. De même, la réduction du nombre d’heures d’enseignement général dans les formations professionnelles, en particulier en Lettres, langues et Histoire-Géographie, pose la même question de la reconversion des collègues. Pour l’instant, nous n’avons aucune information sur ce qui a été prévu.

Un pouvoir d’achat en berne

2019 ne verra de toute évidence pas un dégel du point d’indice. Depuis 2010, ce dernier n’a été revalorisé que de 1,2%. Les prix depuis cette date ont augmenté d’environ 10%. Si en majorité les personnels voient leur rémunération progresser grâce à l’évolution de carrière, cela ne veut pas dire que globalement ils réussissent à suivre la hausse des prix. Et certains personnels, souvent les plus précaires, ne progressent pas, et même voient leur revenu baisser. C’est le cas en particulier des personnels contractuels dont le renouvèlement de contrat voit la hausse de la CSG non compensée. Il est inadmissible que des personnels qui travaillent pour l’Éducation nationale depuis de nombreuses années soient traités de cette façon.

Nous sommes dans la période des vœux. Si à titre personnel, monsieur le recteur, nous vous souhaitons de bon cœur une bonne année 2019, comme à tous ceux qui travaillent au rectorat et dans les DSDEN, nous avons du mal à vous les adresser en tant que représentant du gouvernement. Non pas par bouderie ou par rétorsion, mais parce que nous ne croyons pas que cette année 2019 verra une amélioration de la situation. La voie sur laquelle s’est engagée le gouvernement est celle de la dégradation des conditions de travail, du mépris, du bricolage et de la baisse du pouvoir d’achat. Ce n’est pas cela que nous appelons de nos vœux.

 

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