Des manifestations de plus en plus violentes

Depuis une semaine, la tension est fortement montée lors des manifestations contre la loi travail. Alors que les cortèges s’amenuisent, les images de combats entre forces de police et quelques manifestants remplissent les médias. Au-delà des accusations classiques, « provocations policières » d’un côté, « casseurs » de l’autre, on assiste au paroxysme violent de plusieurs phénomènes qui montent depuis plusieurs années dans la société française.

 

Une montée de la misère sociale

Même si les indicateurs économiques virent tranquillement au vert, nous nous trouvons au moment où la société française souffre le plus. Le taux de chômage est très élevé après 8 années de montée, les salaires ont stagné, chez les fonctionnaires comme dans le privé. Les inégalités sont d’autant plus insupportables entre les salaires mirobolants de certains et le quotidien de la majorité des Français. Les perspectives sont bonnes, mais les effets des réformes commencent tout juste à se faire sentir.

Le vote croissant pour le FN ou la mobilisation des étudiants et lycéens contre la loi El-Khomri ont un point commun : la peur de l’avenir, celle de se retrouver bientôt en marge de la société. Il y a pas mal d’instrumentalisation dans ce sentiment, mais il est bien évident que cela correspond aujourd’hui à de réelles et graves difficultés pour beaucoup.

 

Une contestation de la démocratie représentative

« Ceux qui bastonnent, ils viennent aussi contre la loi El-Khomri », titre Le Monde. Dimanche soir, Olivier Besancenot refusait de condamner les violences venues des manifestants tout en ayant pas de mots assez durs contre le gouvernement. Les violences sont ainsi légitimées par le « ras-le-bol », la « désespérance », la « tactique du gouvernement ».

Alors que la ministre du travail explique que la loi doit passer devant les députés et que le débat doit avoir lieu au Parlement, Philippe Martinez exige le retrait de la loi au nom de « l’opinion publique ».

La démocratie représentative est ainsi remise en cause. Les décisions des élus ont peu de valeur et les élus eux-mêmes sont facilement considérés comme des traitres à leurs électeurs, plus portés à conserver leur siège qu’à porter des idées.

Ces thèmes et ces tactiques ne sont pas nouveaux, mais ils sont actuellement systématisés par certains. Sans doute le modèle des « zadistes », que ce soit à Notre-Dame-des-Landes ou à Sivens, est-il en train d’essaimer. Les décisions des élus locaux y sont refusées au nom d’une cause supérieure, qui justifie la désobéissance civile. Ce n’est sans doute pas par hasard si les violences (et les blessures) ont été parmi les plus importantes à Nantes et à Rennes.

 

Est-ce le modèle que nous devons donner à la jeunesse ? Devons-nous lui montrer que la façon normale de se faire entendre est la destruction ? Que celui qui a raison est celui qui est le plus violent ?

climat malsainAussi imparfaite que soit notre démocratie, nous ne sommes pas dans une dictature, le pouvoir politique est régulièrement remis en jeu. Nous ne sommes pas soumis à un pouvoir totalitaire, la liberté d’expression est très large et les médias ne sont pas pilotés par le gouvernement ou les illuminati.

On peut critiquer le système actuel et vouloir le faire évoluer vers une démocratie plus participative, mais la violence est facilement manipulable : elle ne fait que permettre à une minorité d’exercer le pouvoir.

 

Le projet de loi en débat demain au Parlement

La loi continue son chemin institutionnel. La CFDT qui a déjà obtenu de nombreux changements, a travaillé auprès des députés pour obtenir encore des modifications dans les semaines qui viennent.

Contrairement à beaucoup de discours, la CFDT pense que cette loi peut améliorer la situation sur le front du chômage et de l’insertion des jeunes. Elle a des arguments, et pas seulement des slogans.