Si la feuille de route RH de l'académie normande promet une "approche plus individualisée de la gestion des ressources humaines", les résultats du dernier mouvement intra montrent au contraire que rien ne change dans ce domaine.

 

Ou plutôt si : les organisations syndicales ont été écartées et ne peuvent plus rien vérifier, et le ministère espère que maintenant elles ne pointeront plus les dysfonctionnements.

Pourtant, les quelques petites fenêtres qui leurs restent (comme l’appui aux recours des collègues, qui viennent de se dérouler) nous laissent voir les mêmes défauts que nous pointions les années précédentes.

 

Entendons-nous, aucun système de mutation n’est parfait ; les choix qui doivent être faits dans les règles favorisent parfois certains aux détriments d’autres situations. L’équilibre est toujours contestable (et contesté) entre des règles qui s’appliquent facilement au plus grand nombre d’un côté, et la prise en compte de situations difficiles et particulières de l’autre.

Cependant, la révolution impulsée par la majorité gouvernementale depuis 4 ans avait promis le contraire : mettre fin au paritarisme (la surveillance exercée par les organisations syndicales, prétendument associée à une gestion rigide des personnels), pour le remplacer par une gestion individualisée, en fonction des besoins de chacun (et aussi bien sûr du « mérite » de chacun).

Ainsi, chez les personnels administratifs, on a remplacé des barèmes chiffrés par une liste de priorités pas toujours bien hiérarchisées. Dans le détail, il est souvent très difficile de savoir comment les choses sont tranchées, puisque les organisations syndicales n’ont plus accès aux documents du mouvement.

Pour les enseignants, CPE et PsyEN, par contre, les règles sont pour l’instant très proches de ce qui existait avant. Et leur application aussi, c’est bien là que le bât blesse !

Contrairement à ce qui est avancé par les autorités rectorales, on reste dans un traitement quantitatif, et pas qualitatif.

Les règles sont appliquées, point. Les situations particulières ne sont pas particulièrement prises en compte. Un collègue avec une conjointe travaillant à Caen et deux enfants jeunes est nommé à Mortagne au Perche ? « Les règles du mouvement ont été respectées » Peut-on essayer de lui trouver une solution temporaire ? « Un enseignant sur un poste fixe doit rejoindre son affectation ». Ou encore « un fonctionnaire doit accepter ces contraintes », « les vœux auraient dû être mieux faits », « l’Orne est un beau département, il faut y déménager ».

Une collègue avec un lourd handicap doit se rapprocher de Lisieux et ne peut pas faire de longs trajets ? Une bonification lui est accordée sur tout le Calvados et elle doit faire 3 heures de route pour aller à l’autre bout du département. Pourquoi ne pas avoir donné cette bonification handicap sur une zone plus précise, alors que plusieurs postes y étaient vacants ? « Le mouvement aurait été bloqué ». Peut-on lui trouver une solution temporaire pour l’année prochaine ? « On regardera, mais elle ne sera pas prioritaire ».

Alors que les collègues dans ces situations ne sont pas libres de leurs choix (un conjoint travaillant à Caen ne peut pas toujours, loin de là, trouver un poste équivalent à Alençon ou à Mortagne, même si effectivement l’Orne est un beau département !), ces réponses n’apportent aucune solution. La responsabilité de cette solution est imputée aux collègues. Ou bien ils devront attendre une future mutation chanceuse.

 

Ces travers existent depuis longtemps et ne sont pas nés de la disparition de la surveillance des syndicats (même si ces derniers pouvaient tout de même alerter en amont sur certaines situations, ce qui n’est plus possible). Cependant, le ministère et les autorités rectorales promettaient le changement.

Pourquoi donc ne pas respecter les engagements alors ? Sans doute est-ce une question de moyens.

Les personnels au rectorat qui gèrent les personnels enseignants, PsyEN et CPE sont peu nombreux : 8 personnes par exemple pour le mouvement des certifiés et agrégés qui correspond à presque 1000 candidats.

La gestion par des algorithmes est rapide et peu gourmande en temps. Individualiser véritablement nécessiterait bien plus de monde.

 

Les personnels du rectorat ne sont pas en cause, ils travaillent énormément, cherchent des solutions et les appliquent dès qu’ils le peuvent.

Une « GRH du XXIème siècle », telle que rêvée par le ministre, nécessiterait des moyens nettement plus conséquents.

 

Le résultat, ce sont des promesses non tenues, une situation qui ne change pas pour les personnels et qui, devenue plus opaque, est encore moins bien supportée par ceux qui se sentent très peu pris en compte par l’institution.

Ah oui, un des axes du Grenelle de l’Education s’intitule « la reconnaissance » …