Pour résumer, cette année l’académie de Normandie voit des créations nettes de postes dans le premier degré (+25), des suppressions chez les administratifs (-10) et des suppressions massives dans le second degré (-150).
Bizarrement, cela ne correspond aucunement aux variations prévues du nombre d’élèves : –4801 dans le premier degré, +260 dans le second degré.
Cette différence n’est pas en soit incohérente. En effet, le gouvernement revendique depuis son arrivée au pouvoir un renforcement des moyens dans le premier degré. Ainsi, cette année, les moyens conservés et donnés à titre supplémentaires vont permettre des dédoublements de classe en grande section de maternelle en REP et REP+, la poursuite du plafonnement des effectifs à 24 élèves par classe en CP et CE1, l’augmentation des décharges des directeurs d’école et la poursuite du déploiement de la stratégie nationale pour l’autisme. En tous cas c’est ce qui est annoncé. Le SGEN est demandeur de ces moyens depuis longtemps : le premier degré est sous-doté depuis des décennies en France.
Le problème est que ces moyens ne sont pas réellement créés mais en partie pris sur le second degré. Au niveau national, 2489 postes sont créés dans le premier degré, et 1800 sont supprimés dans le second degré. Est-ce à dire que le second degré avait trop de moyens jusque-là ? Ce n’est franchement pas l’impression qu’ont les collègues ! Les classes à 35 dans les lycées ou a 30 dans les collèges sont un symptôme que le gouvernement ne veut pas voir.
Pour en ajouter une couche, ledit gouvernement soutient qu’au contraire il a renforcé les moyens du second degré, en créant l’équivalent de 1847 postes en heures supplémentaires (HSA). Il feint d’ignorer que ces heures supplémentaires sont déjà trop nombreuses depuis des années. A tel point qu’il a fallu il y a deux ans changer les textes pour pouvoir en imposer une seconde aux personnels. Ainsi, pour un même nombre d’heures à faire dans un établissement, on risque d’être obligé de supprimer des postes, remplacés par des heures supp. que les collègues devront se partager. Résultat : encore moins d’adultes dans l’établissement. Et comme cette politique est suivie depuis plusieurs années, cela commence à se voir !
Dans l’académie de Normandie, ce sont donc 150 postes supprimés dans le Second degré, dont 65 seront “redonnés” sous forme de HSA. Les collèges de l’ex-académie de Caen vont globalement perdre 45 postes, surtout dans la Manche. L’ex-académie de Rouen perd aussi des postes (une vingtaine). Ce sont les lycées qui sont les plus touchés, en particulier les lycées professionnels (une soixantaine de postes sur tout la Normandie). Pour les LGT la situation est plus contrastée : une quarantaine de suppressions pour l’ex-académie de Caen, 10 créations pour l’ex-académie de Rouen (qui gagne environ 450 élèves dans ces établissements).
On le voit, les 65 postes donnés en HSA ne “couvriront” pas les 150 postes supprimés. Sans doute la rectrice nous donnera-t-elle comme argument que l’on sait que dans quelques années le nombre baissera fortement dans le second degré, ce qui est vrai (presque 5000 élèves en moins cette année dans le premier degré), et qu’il est inutile de créer des postes qui seraient bientôt massivement supprimés. Il s’agit d’amortir le choc futur en quelques sortes. Cependant, il est à parier que quand ce choc se produira, cet “effort” anticipé aura été oublié, que les politiques publiques auront changé (elles n’arrêtent pas) et que l’on supprimera un nombre de postes qui correspondra à la baisse du nombre des élèves.
Pour l’instant, nous n’avons pas encore les documents qui répartissent la DHG entre chaque lycée.
Même problème pour les postes administratifs : nous ne savons pas où ils seront supprimés. Ce sera dans les établissements du second degré, mais la liste ne nous a pas été communiquée (pour l’instant). A noter que pour les services déconcentrés (rectorat, DSDEN), aucune suppression n’est prévue : la promesse du ministre de ne rien supprimer durant la fusion des deux rectorats continue à être honorée.