Mercredi matin, en conseil des ministres, Najat Vallaud-Belkacem a fait les premières annonces sur le projet de réforme du collège qu’elle compte porter dans les mois à venir. Qu’y a-t-il dans la pochette surprise ?
Le premier constat, c’est que personne au ministère n’a inventé le fil à couper le beurre ces dernières semaines. Les dispositifs mis en avant sont :
1) les enseignements pratiques interdisciplinaires : ils doivent permettre aux élèves de 5è, 4è et 3è de développer l’expression orale, l’esprit créatif, dans un enseignement qui donnera du sens à leurs apprentissages en les croisant, en les contextualisant… Cela rappelle étrangement les IDD, non ?
2) l’accompagnement personnalisé, 3 heures en sixième (il en existe déjà 2), et « au minimum » 1 heure pour les autres niveaux. La proposition est-elle d’accompagner de manière personnalisée 27 élèves sur une heure ?
3) développer les temps d’apprentissage en petits groupes.
Ces trois premiers points sont synthétisés en un nouvelle « initiative laissée aux enseignants ». Le dossier de presse indique que ces temps représenteront 20% du temps d’enseignement, et que cela correspondra à 4 à 5 heures chaque semaine par élève.
4) la deuxième langue enseignée dès la 5è. Des académies ont déjà expérimenté le dispositif, sans bilan officiel connu.
5) le développement des compétences numériques.
6) faire du collège un lieu d’épanouissement, en systématisant des moments forts et fédérateurs, en instaurant une pause méridienne d’au moins 1h30 partout, en créant un conseil de la vie collégienne.
A priori, rien de choquant. Mais on reste sur des déclarations d’intention, et il faudra rapidement avoir des éclaircissements sur les moyens de mise en oeuvre. D’abord, les grilles horaires pourraient changer sur les quatre niveaux du collège, mais aucune information précise n’a été donnée. Le seul chiffrage du document concerne les 4 à 5 heures d’enseignement organisés par l’établissement. En 6è, sans les 3 heures d’AP, cela fait 1 ou 2 heures à utiliser. Sachant que les élèves ont déjà du temps en petits groupes en SVT et Technologie, il ne semble pas rester grand chose pour innover. En 5ème 4ème 3ème, on peut penser que les enseignements pratiques interdisciplinaires occuperont au moins 2 heures de l’emploi du temps, il reste là encore 1 ou 2 heures pour le travail de petits groupes. L’enseignement de la LV2 à partir de la 5ème sera-t-il plus efficace si on transforme deux fois 3 heures en trois fois 2 heures ?
Du côté des moyens enseignants, pas d’information non plus. L’accompagnement personnalisé se fera-t-il en classe entière ? L’enseignement pratique interdisciplinaire permettra-t-il la co-intervention, ou bien travaillerons-nous toujours les uns à côté des autres ?
Enfin, l’enseignement adapté, qui regroupe les compétences du premier et du second degré, mais qui ne semble faire partie ni de l’un ni de l’autre, n’est pas évoqué dans ces premières propositions. Il faudra attendre quelques semaines encore pour connaitre la place que le ministère souhaite lui réserver dans le collège de 2016…