Le jeudi 20 décembre avait lieu au rectorat une réunion de présentation de la carte des enseignements, dans le cadre de la réforme du lycée.

La veille, une manifestation avait eu lieu au rectorat réunissant le Sgen-CFDT, les autres organisations syndicales et des délégations de lycées où la mise en place de la réforme s’annonce particulièrement problématique.

Les documents fournis par l’administration :

les spécialités par établissement ;

les options par établissement ;

la voie technologique.

 

Au cours de cette réunion, le SGEN-CFDT Basse-Normandie a pu poser les questions restées en suspens et faire-part des inquiétudes des collègues.

Voici un petit tour d’horizon des préoccupations :

Une offre des formations qui crée l’inégalité : Comme nous le craignions, la carte des enseignements de spécialité laisse apparaître de vraies disparités entre les établissements, créant des inégalités sur le territoire et mettant certains établissements dans une situation de grande fragilité. C’est notamment le cas des lycées Paul Cornu de Lisieux (qui n’obtenait que deux enseignements de spécialité) et Arcisse de Caumont de Bayeux (qui n’en obtient que trois). Depuis, Paul Cornu a obtenu l’ouverture de la spécialité SVT.

Le rectorat nous a répondu que la carte des enseignements allait être revue et que des arbitrages seraient pris par le recteur.

La question des établissements mis en réseau. Certains établissements fonctionneront « en réseau », c’est-à-dire qu’ils partageront un enseignement de spécialité, afin que les élèves puissent bénéficier d’un enseignement de spécialité qui n’est pas enseigné dans leur lycée.

Sur les aspects pratiques, il reviendra aux chefs d’établissement de définir quelles seront les modalités de cette mise en réseau (cela sera-t-il aux enseignants ou aux élèves de se déplacer ?). Le Sgen a formulé des inquiétudes sur ces déplacements, problématiques tant pour les élèves (les établissements en réseau se situent parfois assez loin l’un de l’autre) que pour les enseignants (les conditions de travail en poste partagé sont nettement moins confortables).

Sur le financement des enseignements de spécialité et des options sur la DHG

Il y aura 3 enseignements de spécialité financés par classe de première, mais il n’est pas question de seuil d’ouverture pour un enseignement. Ce sera aux chefs d’établissement de jongler avec leur DHG et prendre si nécessaire sur la marge horaire (de 8h par classe en première et terminale) pour ouvrir un groupe.

Cela est d’autant plus inquiétant que cette marge horaire de 8h doit couvrir également les besoins en AP (qui, nous vous le rappelons, n’est pas fléché dans la DHG) et les dédoublements (de sciences, de langue…) et les options. Ce manque de moyens est vivement dénoncé par le Sgen-CFDT et il est à parier que les problèmes émergeront en nombre au moment des DHG dans les établissements.

Sur l’enseignement de spécialité LCA (langue et culture de l’Antiquité). Très peu d’établissements proposeront cet enseignement et aucun dans l’Orne. Parmi les pistes envisagées, le rectorat parle un enseignement par visio-conférence pour les élèves qui seraient intéressés par cette spécialité ou de groupes mêlant enseignement de spécialité LCA et option facultative LCA (qui sera davantage présente dans les établissements).

Des doutes ont été formulés sur le choix du lycée Tocqueville pour accueillir cet enseignement de spécialité sur le bassin cherbourgeois.

Sur l’enseignement de spécialité LLCE (littérature et langue culture étrangère). Tout laisse penser que l’anglais sera privilégié dans cette enseignement de spécialité. Le rectorat assure que l’allemand et l’espagnol seront également autorisés, en fonction des ressources. (ex. Deux groupes d’anglais et un groupe d’espagnol), mais les élèves ne pourront pas cumuler deux LLCE (ni deux enseignements artistiques).

Sur la question de l’enseignement NSI (numérique et sciences informatiques) et de la formation des enseignants.

C’est une des questions les plus épineuses de la mise en place de la réforme. Les propositions d’implantation se sont faites en fonction de la présence de l’enseignement d’ISN dans les établissements. Mais les programmes sont tellement lourds que rares sont les enseignants qui sont considérés comme ayant les compétences pour cet enseignement !

La deuxième condition pour l’ouverture de cette spécialité est donc d’avoir des enseignants volontaires pour suivre la formation imposée. Or cette formation est très lourde et se fait sur les temps de vacances scolaires. Combien sont les enseignants intéressés qui reculent devant la lourdeur et les conditions de cette formation ?

Cette question de ressources humaines interpelle sur la précipitation autour de cette réforme.

Comme il nous l’a été répété au cours de cette réunion, la plupart des questions restées en suspens sont liées à l’inconnu du choix des élèves et de leurs familles.

Comment garantir à tous les élèves une offre de formation équitable sur tout le territoire ? Comment mettre en place une réforme si importante et ayant tant de conséquences sur les postes et les conditions de travail, dans une telle précipitation ?

Le Sgen-CFDT demande en conséquence un report de la mise en œuvre de la réforme du lycée pour permettre aux équipes pédagogiques de travailler en ayant pleinement conscience des conséquences de la réforme sur l’organisation de leur établissement. Ce report permettra également de faire évoluer le cadre de la réforme par des négociations à tous les niveaux, afin qu’elle fasse davantage consensus et offre aux lycéens de construire un véritable parcours bac-3 bac+3. Cela impose a minima une application en seconde à la rentrée 2019, une application en première décalée à la rentrée 2020 et en terminale à la rentrée 2021.