Développé à partir de 2007, SIRHEN (système d’information des ressources humaines de l’Éducation nationale) était chargé d’automatiser la gestion des ressources humaines : recrutement, formation, gestion des carrières, etc. Ainsi, toutes les applications de gestion des ressources humaines devaient être regroupées en une seule.

2007, c’est l’année de l’élection de Nicolas Sarkozy, prenant la suite de Jacques Chirac. Darcos succède à de Robien, la droite au pouvoir ne fait pas confiance à sa propre administration et sur ce chantier colossal, on veut externaliser au maximum le travail. Résultat, la Cour des comptes dénonce aujourd’hui le manque de pilotage par l’Etat d’un projet qui, budgété à 60 millions, aura coûté 7 fois plus, jusqu’à son arrêt en 2018. Pour quasiment rien, car ce système n’aura en fait servi à gérer que les personnels de direction et les inspecteurs. Bien loin des 850 000 personnels de l’Education nationale prévus à l’origine.

Ce fiasco résonne avec certaines décision récentes.

D’une part notre administration a la plus grande difficulté à piloter des projets en partenariat. Il y a quelques années, la plate-forme « L’Educ de Normandie » avait été conçue essentiellement par la région (Basse-Normandie à l’époque) et les départements (Calvados, Manche et Orne), avec une présence lointaine du principal utilisateur : l’Education nationale. Résultat, de nombreux modules bien « vendus » par les concepteurs privés ont été implantés et donc achetés, mais sont peu utilisés car bien moins performants que d’autres que l’on trouve dans des plate-formes comme Pronote (dont la licence est payée tous les ans sur le budget des établissements) ou des logiciels libres comme Sacoche.

Aujourd’hui, par décision de l’actuelle majorité, l’information sur l’orientation des élèves se trouve en grande partie confiée aux régions, qui devront travailler en partenariat avec les établissements. Dans l’apprentissage, le financement dépend des branches professionnelles, y-compris pour les CFA publics implantés dans les lycées. Sur ces deux partenariats forcés, la rectrice se donnera-t-elle les moyens de peser sur les choix ou laissera-t-elle aller les choses, en faisant reposer la gestion des dégâts sur un lointain successeur ?

La gestion des ressources humaines est un chantier actuellement important pour le gouvernement. La dernière loi sur la fonction publique a « chassé » les élus du personnels du contrôle de la gestion individuelle. Ce sont maintenant les services du rectorat qui font seuls cette gestions et qui se surveillent eux-mêmes. Ainsi, les personnels de gestion devront, en plus de leur travail, refaire celui de leur voisin ou voisine, pour vérifier qu’il n’y a pas d’erreur. Sans personnel supplémentaire évidemment. Et par dessus cela, le ministre recommence à parler de « mérite » dans les promotions. Les passages automatiques d’échelon ou de grade (hors-classe ou classe exceptionnelle) facilitent le travail. Y ajouter une évaluation complexifie les choses et rajoute au risque d’erreur. Et de toute évidence, créer un logiciel qui faciliterait la gestion de carrière est compliqué, difficile, et maintenant reporté aux calendes grecques !

L’histoire (des échecs) est un éternel recommencement !

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