La nouvelle a largement été commentée en fin de semaine dernière. Après des débats plus que musclés au printemps 2015 sur la disparition des classes bilangues, on apprend qu’en fait une majorité sera maintenue dans l’ensemble du territoire. Avec de très grosses variations entre les académies : la totalité à Paris, quasiment aucune à Caen !
La ministre a-t-elle retourné sa veste ? Et pourquoi l’académie de Caen est-elle à part ?
Maintien et création de bilangues : un dispositif prévu depuis le printemps dernier.
“Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin.” C’est l’article 8 de l’arrêté sur la réforme du collège du 20 mai 2015. C’est ce texte qui justifie à priori le maintien et les créations des bilangues en France.
Cela peut se comprendre : des élèves qui ont commencé l’apprentissage d’une langue autre que l’anglais au primaire doivent pouvoir la continuer au collège. Est-ce que la meilleure formule est sous la forme d’une bilangue ou plutôt d’une simple LV1 ? La question pourrait cependant se poser …
Le problème est que sur l’académie de Caen, quasiment aucune école élémentaire ne propose autre chose que l’anglais. Il y a en fait 3 écoles, qui réussissent tout de même à alimenter 4 collèges en bilangues. Cette situation est un héritage, dû à la mise en place de l’enseignement d’une langue vivante en primaire dans les départements de l’académie depuis une décennie. De toute évidence, les choses se sont passées différemment dans les autres régions (voir la carte 1 ici).
Un développement prévu dans le primaire … sauf à Caen
Autre axe de la politique ministérielle : il faut permettre aux élèves de choisir une autre langue en primaire, en particulier dans les écoles en REP. De fait, de nombreuses académies ont commencé à créer ces parcours qui doivent déboucher sur des classes bilangues à l’arrivée des élèves en sixième. Une coordination est donc nécessaire avec le collège de secteur et c’est un projet à long terme car l’enseignement d’une langue vivante commence au CP.
La quasi totalité des académies sont entrées dans ce processus, souvent de façon massive. Caen non (voir la carte 1). Aucune création n’a été envisagée. Il y a bien 5 postes du premier degré qui ont été prévus pour financer la formation de collègues professeurs des écoles, mais il s’agira de sensibiliser les écoliers à une autre culture, pas de leur enseigner une langue (voir ici).
Et maintenant ?
Interrogées lundi dernier en CT académique, les autorités rectorales ont indiqué qu’elles s’étaient contentées jusque-là de respecter les textes, mais qu’elles allaient ré-étudier la situation. A notre question “va-t-on recréer des classes bilangues à partir des DHG distribuées ?”, la réponse a été “à priori non, mais toutes les possibilités restent ouvertes”. Réponse de Normand.
Une question se pose maintenant : si on peut comprendre la quasi disparition mécanique des bilangues dans l’académie de Caen à cause de l’absence d’enseignements autres que l’anglais en primaire, pourquoi n’y a-t-il eu absolument aucune politique d’encouragement à l’ouverture de cette option en primaire ? Il y a des arguments pour et contre, encore faudrait-il poser la question. Car il ne s’agit de toute évidence pas d’un choix académique, mais semble-t-il plutôt d’un dossier qui n’a pas été travaillé jusque-là. Au niveau académique comme au niveau du ministère : les énormes différences d’une académie à l’autre montrent bien que la coordination à Paris a été inexistante.