picrocholeTel Picrochole contre Grandgousier et Gargantua, le SNALC déclare la guerre, à la fois au ministère de l’Education nationale ainsi qu’à une partie des syndicats, dont le SGEN-CFDT. Tous ennemis accusés de remettre en cause la bonne vieille école d’antan. L’avant 1968 semble d’ailleurs être la référence, puisque « depuis 40 ans », la « chienlit » réformiste “gangrène” l’institution.
C’est la réforme du collège et la, timide pourtant, remise en cause des sacro-saintes disciplines qui est prétexte à l’expédition. La déclaration de guerre a été envoyée à tous les collègues sur leur boite mail académique.

Un petit décryptage du discours avec quelques mises en perspectives.

Le texte du SNALC Les remarques du SGEN-CFDT
COLLEGE : LA GUERRE EST DECLAREE ! Le titre n’est pas juste une accroche alarmiste si on lit la dernière phrase du texte.
Le SNALC est un syndicat de proposition dont l’une des premières préoccupations est de trouver un moyen de remédier à l’échec de 20% des élèves qui sortent du système scolaire sans qualification. Depuis des décennies, la principale proposition du SNALC pour mettre fin à l’échec scolaire a été de faire disparaître les élèves en échec du collège, en les envoyant dans des filières de relégation le plus tôt possible.
C’est la raison pour laquelle il s’est énergiquement engagé dans la Refondation de l’École lancée en mai 2012. Ce qui n’est pas faux. Contrairement à d’autres syndicats qui  se sont cloitrés dans une critique de la Refondation avant même qu’elle soit lancée (Sud, FO et CGT), le SNALC a effectivement participé activement aux débats (en général pas dans le même sens que le SGEN, mais c’est parfaitement légitime).
Trois ans après, nous ne pouvons que constater, malgré tous nos efforts pour parvenir à des réformes constructives, l’échec de cette noble entreprise. Clairement, au SGEN, nous sommes heureux que les réformes ne se soient pas engagées dans le retour en arrière prôné par le SNALC !
En primaire, la réforme des rythmes scolaires imposée aux collègues mécontente tous les acteurs de terrain. Un bon exemple d’une démarche syndicale que nous dénonçons : surfer sur des difficultés de mise en place d’une réforme (qui sont réelles, cela n’est jamais simple) pour « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Le mécontentement justifie l’immobilisme.
Au collège, la réforme lancée il y a quelques jours par Mme la Ministre au moyen d’un écran de fumée médiatique savamment orchestré se révèle catastrophique. N’oublions pas que selon le SNALC, on va de catastrophe en catastrophe depuis 40 ans déjà !
En effet, après un examen précis des propositions communiquées moins d’un mois avant l’adoption de la réforme programmée lors du Conseil Supérieur de l’Éducation du 10 avril, nous constatons une mise en cause des horaires disciplinaires, l’absence de solutions pour les élèves en difficulté, ainsi qu’à terme la mort de l’allemand, du latin et du grec ! Le mot « précis » est superfétatoire, nous faisons entièrement confiance à l’objectivité du SNALC, qui argumente tout en nuance la « mort de l’allemand, du latin et du grec ». Rien que ça. On trouvera d’ailleurs sans problème dans les anciens tracts de ce syndicat les faire-part de décès de ces disciplines à plusieurs reprises depuis des décennies.
Cette simple phrase nous révèle clairement que la priorité du SNALC n’est ni les élèves, ni les personnels, mais bien les disciplines.
Quant au lycée, la calamiteuse réforme Chatel, totalement inefficace, est toujours à l’oeuvre… Le socle commun adopté au CSE du 12 mars dernier contre l’avis du SNALC méconnaît totalement quant à lui les contenus disciplinaires ! Tous les changements sont désastreux, c’est systématique. Il n’y a qu’une seule chose de vraie : les disciplines, les disciplines et encore les disciplines.
Le second grand chantier de la Refondation était la revalorisation de notre métier, et, là encore, c’est un échec. Alors que les jeunes professeurs commencent leur carrière après cinq années d’études en gagnant seulement 11% de plus que le SMIC, aucune véritable revalorisation en vue ! Là c’est vrai, l’ensemble des fonctionnaires paye depuis plusieurs années les difficultés des finances publiques avec un point d’indice qui est gelé. Et les enseignants français sont sous-payés par rapport à leurs homologues européens. Cependant, le chiffre de 11% est exagéré. Un certifié au premier échelon (qui dure 3 mois) gagne 1340 euros net, le SMIC est lui à 1139 euros net. Le bon chiffre est donc de 18 % sans les ISOE. Au bout de 3 mois, le stagiaire touche 26% de plus que le SMIC et à sa titularisation 46%. Encore une fois, c’est insuffisant, mais pas la peine de faire du misérabilisme !
Les ESPE connaissent les mêmes dérives que les IUFM. Le SNALC s’est effectivement toujours battu contre une formation professionnelle des enseignants. La seule compétence qui vaille, c’est le disciplinaire.
Les Indemnités pour Missions Particulières constituent un pourboire et permettront pour la première fois aux parents et aux élèves de décider en CA de la rémunération des professeurs ! Si le nouveau système d’indemnités pose problème, ce n’est pas par son côté « pourboire » ! Les montants seront les mêmes que les HSA (sauf pour les agrégés il est vrai). Pour le CA, la lecture du texte est fausse : le CA donnera un avis consultatif sur les propositions du chef d’établissement, mais ne décidera pas le montant des indemnités, par ailleurs très encadré par le ministère et les rectorats.
Le redoublement sera désormais quasi impossible et l’évaluation chiffrée vraisemblablement remise en cause d’ici peu… Oui, c’est vrai. Le redoublement a fait  la preuve de son inefficacité dans la plupart des cas, et pas qu’en France. Pour les notes, force est de constater que les enseignants passent de plus en plus à d’autres types d’évaluations. Ceux qui sont les plus attachés aux notes sont les parents.
Comment expliquer ces inadmissibles dérives? Pour sa part, le SNALC n’a pourtant pas ménagé sa peine : après avoir participé à des centaines d’audiences et de réunions, il a même été le seul à proposer une réforme clef en main pour le collège et le lycée ! C’est vrai que le SNALC n’a pas été très efficace et n’a pas pu empêcher ces « inadmissibles dérives ». En dehors de quelques cercles assez éloignés des réalités de l’enseignement dans le Second degré, ses propositions ne sont tout simplement pas prises au sérieux. La réforme « clef en main » du SNALC fait un peu photo en noir et blanc !Evidemment d’autres syndicats dont le SGEN, c’est une de ses forces, ont des propositions très précises dans un ensemble cohérent pour le collège.
Malheureusement, cette chienlit a toujours la même cause : l’institution est gangrénée par l’autoproclamé front des réformateurs constitué, avec la bénédiction de la nomenklatura qui dirige le Ministère depuis 40 ans et des prétendus chercheurs en sciences de l’éducation, de l’UNSA, du SGENCFDT, de la FCPE et de la Ligue de l’Enseignement, toutes organisations grassement financées par l’État. Des termes violents qui sont assez inhabituels. L’auteur se rend-il compte qu’il utilise un vocabulaire et des idées marquées politiquement très à droite et à l’extrême-droite ? Rappelons ici que le Front national avait appelé à voter SNALC lors des dernières élections professionnelles, dénonçant lui aussi le SGEN et l’UNSA « ayant conduit notre système scolaire au désastre ». Certes le SNALC avait publié un communiqué réaffirmant son indépendance, mais le texte ci-contre interroge.
Pour ce qui est du gras financement de l’Etat, la CFDT est transparente sur l’origine de ses ressources (voir ici). Si des fonds publics lui sont versés, c’est pour rembourser ses frais engagés dans le cadre du paritarisme (sécurité sociale, logement etc…) . Il est vrai que le SNALC  ne participe pas à cette gestion paritaire, car il est  bien trop peu représentatif du monde du travail.Au SGEN Basse-Normandie, la réfection des locaux reste faite bénévolement par nos militants !
Il est donc désormais temps pour le SNALC d’entrer en guerre et d’appeler tous ceux qui ne se résolvent pas à subir un tel fiasco à soutenir son action par tous les moyens qu’ils jugeront nécessaires ! Le SNALC appelle-t-il à l’insurrection armée ? Comme à Alger en 61 ? On peut imaginer (et espérer) que la référence de l’auteur serait plutôt le Général de Gaulle. Encore l’avant 68 !